En 2024, le trafic aérien mondial se prépare à dépasser les chiffres historiques de 2019, marquant ainsi une nouvelle étape dans la reprise post-pandémie. Selon les prévisions récemment publiées par Airports Council International (ACI World), le transport aérien de passagers devrait croître de 10 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 9,5 milliards de voyageurs. Cette hausse fait passer les niveaux de trafic de 2024 au-delà de ceux de 2019, avec une augmentation de 4 %, signe de la vigueur retrouvée du secteur.
L’aviation, souvent critiquée pour son impact environnemental, continue pourtant d’attirer de nombreux passagers à travers le globe. Les données recueillies par l’ACI auprès de plus de 2 700 aéroports répartis dans 180 pays et territoires mettent en lumière cette résilience : le trafic international devrait atteindre 4,1 milliards de passagers, soit 43 % du total, tandis que le trafic intérieur atteindra 5,4 milliards, représentant 57 % du trafic mondial. Ces chiffres viennent couronner une année 2023 déjà marquée par une reprise spectaculaire. Avec 8,7 milliards de passagers, le trafic avait progressé de 30,6 % par rapport à 2022, année où l’on avait retrouvé 95 % des niveaux d’avant la pandémie. La tendance actuelle semble confirmer que la crise de la COVID-19 n’aura été qu’une parenthèse, même si elle a redéfini certains contours de l’aviation internationale.
L’Association internationale du transport aérien (iata) se montre optimiste pour les décennies à venir. À l’horizon 2043, elle prévoit que le nombre de passagers aériens doublera par rapport à 2023, avec un taux de croissance annuel moyen de 3,6 %. Cette dynamique sera en grande partie portée par les marchés asiatiques, notamment l’Inde et la Chine, dont la croissance annuelle devrait atteindre respectivement 7 % et 6 % sur les vingt prochaines années.
Toutefois, cette reprise rapide ne va pas sans poser de défis. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a récemment averti des risques accrus, en particulier concernant la fatigue des pilotes. En effet, l’augmentation de la demande, conjuguée à la pression exercée sur les équipages pour assurer cette croissance, peut engendrer des problèmes de sécurité si des mesures adaptées ne sont pas prises. Alors que le monde de l’aviation se remet en marche pour battre de nouveaux records, les enjeux environnementaux et humains restent plus que jamais au cœur des préoccupations. Si l’avion continue de susciter la fascination et l’aspiration au voyage, sa soutenabilité passe par une réflexion renouvelée sur son impact, tant en matière de sécurité que de protection de la planète.
En dépit des critiques et des enjeux climatiques, les “beaux jours” semblent donc bel et bien se profiler pour l’aviation mondiale. La reprise du trafic en 2024 montre la force d’attraction du secteur, mais rappelle aussi la nécessité de repenser ses modèles pour répondre aux impératifs de demain. L’essor des marchés indien et chinois témoigne de l’universalité croissante du transport aérien, alors même que l’Europe débat de sa place dans un monde qui tend vers la décarbonation. Le ciel s’éclaircit à nouveau pour le secteur aérien, mais les turbulences ne sont jamais loin. Entre défis écologiques, pression sur les équipages, et une croissance soutenue par des marchés en expansion, l’aviation mondiale devra faire preuve de résilience et d’innovation pour continuer à se développer sans se brûler les ailes.